Gaal Abdou1998:
Dans un article récent publié sur Cridem, j'engageais mes compatriotes à expliciter les valeurs qui nous unissent et à faire en sorte de les respecter, tous. Dans le présent texte, je donne un premier coup de pioche à ce projet que j'espère collectif.
J'ai décidé de m'attaquer à cette question à travers la constitution de la République Islamique de Mauritanie. Une rapide recherche sur le web m'a permis de dénicher le texte de la constitution de 2006. Je dois d'abord avertir mes aimables lecteurs que je ne suis point un juriste et encore moins un constitutionnaliste.
Ma lecture de la constitution ne peut donc être qu'une lecture naïve dans la mesure où elle n'est informée par aucune attente, par aucune théorie particulière.
J'avoue ici également que ceci est ma première lecture de notre loi fondamentale, mea culpa. Mais, combien êtes vous dans mon cas à n'avoir jamais jeté le moindre coup d'oeil sur ce texte sensé régir notre société? Cela me rassure! Le préambule de ce texte commence fort et affirme plusieurs choses fondamentales: L'intégrité territoriale, l'indépendance, l'unité nationale et la libre évolution politique, économique et sociale. Ouf, rien de moins et ce n'est que la première phrase.
Tiens la deuxième phrase commence à parler de valeurs; quelle surprise! Cela fait plaisir! Je vous affirme que je découvre pour la première fois, me croyez-vous? Je crois entendre des nooooon, dans l'assistance. Pourtant elle tourne, eh... pourtant c'est vrai!
Alors quelles sont ces valeurs et quelles sont leurs sources? Tout d'abord les sources: il s'agit de l'Islam et des principes de la démocratie. Le texte renvoie ici à d'autres textes mais à chaque jour suffit sa peine. Ensuite, il y'a une énumération des valeurs elles-mêmes: la liberté, l'égalité et la dignité de l'Homme (y compris la femme). Ces valeurs sont assurées par la primauté du droit dont la seule source, pour nous, est l'Islam.
Maintenant les "articles" commencent. Etant donné que je n'ai aucunement l'intention de disséquer le texte et comme il s'agit d'un premier contact, je me suffirais d'un survol rapide à la recherche de références évidentes aux valeurs qui nous unissent. Je laisse à plus qualifié que moi la difficile mission de décortiquer le document pour en sortir toutes les subtilités. J'espère qu'il y'aura des publications, ici, sur le sujet pour éclairer notre lanterne.
Ceci dit alors, voyons:
- "Toute propagande particulariste de caractère racial ou ethnique est punie par la loi." Article premier. Aïe, Aïe. Que de commentateurs devraient trembler! Heureusement pour eux, la loi n'est jamais appliquée. Mais quand même, à chaque que l'un de nous se fend d'un commentaire de "caractère racial ou ethnique", il devrait être conscient que son comportement est ... hors la loi.
- "Le peuple est la source de tout pouvoir". "Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice". Article 2. A bon entendeur salut!
- La devise de la République est : Honneur - Fraternité - Justice. La première valeur dans ce triptyque est l'honneur. Soyons tous des hommes et des femmes d'honneur. Nos actions (paroles, écriture, etc.) doivent êtres honorables, admirables. Je ne peux ici m'empêcher de penser à tous les "détourneurs" des biens publics. Ont-ils seulement un brin d'honneur? Connaissent-ils ce sentiment que l'on appelle la honte? Honte à vous.
La deuxième valeur, ici, est la fraternité. Nous sommes tous des frères! Les frères peuvent bien sûr se chamailler de temps en temps et ils ne se gênent pas pour le faire. Mais il y'a une limite à leurs bisbilles, ils s'abstiennent toujours de commettre l'irréparable. Ils savent jusqu'où ils peuvent aller sans compromettre la fratrie.
La troisième valeur, ici, est la justice. J'ai déjà dis que je ne suis pas juriste et ma conception, candide, de la justice va certainement au-delà des lois et des tribunaux. Je crois que la justice s'applique d'abord à soi-même. Etre juste envers soi commence par la tempérance en toutes choses. Etre juste envers ces frères comporte un aspect important d'empathie, d'affection même. Etre juste envers sa communauté demande qu'on lui soit fidèle.
- "Toute forme de violence morale ou physique est proscrite". Article 13. Point barre.
- "l’Etat et la société protègent la famille". Article 16. Voeu pieux! Dans notre société "moderne" ou en cours de modernisation l'institution familiale est en train de se dissoudre sous l'effet conjugué de la cherté du mariage, de la cherté de la vie, de la facilité du divorce, de la dépravation des moeurs, .... Que font la société et l'état?
- "Nul n’est censé ignorer la loi". Article 17. Autant pour moi. Je n'aurais pas dû avouer que ceci est ma première lecture de notre loi fondamentale! J'avais déjà entendu cette phrase, mais je ne savais pas qu'elle avait un article de notre constitution pour elle seule.
- "Tout citoyen doit remplir loyalement ses obligations à l’égard de la collectivité Nationale et respecter la propriété publique et la propriété privée". Article 19. Je repense encore aux "détourneurs" en tous genre. Tremblez, misérables.
A partir de l'article 23, une série d'articles détaille les attributs du président de la République. Ce n'est pas mon sujet aujourd'hui, quoique ce serait plutôt moi son sujet. Le ou les rédacteurs auraient pût être plus concis ici. Je propose à la place de tous ces articles la formule suivante: "le Président de la République est le seul maître à bord après Dieu".
Au niveau du titre IV, mon ignorance apparaît au grand jour, à mon grand chagrin. En effet, l'article 56 dit que la loi est votée par le parlement et l'article suivant définit le domaine de la loi. Quel est ton problème me diriez-vous? Eh bien dans ma candeur, je croyais que le domaine de la loi était universel! Eh bien non!
Il y'a le domaine législatif et le domaine réglementaire (article 59). Le domaine de la loi est assez vaste mais défini de manière stricte, le domaine réglementaire lui c'est tous le reste. Ce qui revient à dire que si on se rendait compte qu'on avait oublié d'attribuer une certaine chose au domaine de la loi, cette chose se retrouve automatiquement dans le domaine réglementaire. Bon, je sors du sujet.
- "Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif". Article 89. Et "Le juge n’obéit qu’à la loi. Dans le cadre de sa mission, il est protégé contre toute forme de pression de nature à nuire à son libre arbitre". Article 90. Qui le protège et comment? Quand la pression vient du pouvoir exécutif, que peut faire le juge? Spécialistes, éclairez nos lanternes et surtout rassurez-nous; le pouvoir judiciaire est le garant de notre liberté (article 90). Voilà, j'arrive à la fin de cette première lecture que j'ai partagée avec vous. J'espère que d'autres prendront la balle au rebond et jouerons collectif.
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