lundi 26 novembre 2012

La lumière du soleil est le meilleur désinfectant

Gaal Lalwa:

sunlight is the best disinfectant. La lumière du soleil est le meilleur désinfectant. "ضوء الشمس هو أفضل مطهر"

Cette phrase célèbre d'un président de la cour suprême des États-Unis devrait guider une bonne partie de nos actions. En tant qu'"activistes", nous devons nous efforcer d'ouvrir les portes et les fenêtres pour que la lumière du soleil inonde l'antre obscure du pouvoir.

Nous lançons un appel pour que tout un chacun participe davantage à l'éclairage de l'activité des autorités actuelles et futurs. Mais aussi l'activité de la classe politique dans son ensemble qu'elle soit de la majorité ou de l'opposition.

Ne trouvez-vous pas étrange, par exemple, que le journal officiel de la République Islamique de Mauritanie ne soit pas disponible sur Internet, aujourd'hui, au 21è siècle? Ne trouver-vous pas incroyable qu'il n'y ait pas de site web hébergeant une base de données de la législation mauritanienne?

Essayer de vous procurer la version officielle d'un texte de loi quelconque de la République et vous ne trouverez rien de valable sur la toile. Pas un site officiel.

Afin de contribuer, nous souhaitons lancer une démarche dans ce sens: militer pour une loi sur la transparence de la gestion de la "chose publique". Cette loi devrait garantir l'accès à l'information pour tout citoyen mauritanien qui en fait la demande. Elle doit également, obliger le gouvernement à publier une grande partie des documents de base de son action.

Nous vous appelons tous à contribuer avec nous à la création d'une telle loi. Il ne suffit pas de critiquer, il faut proposer. Rejoignez-nous pour ce projet: sur Facebook (http://www.facebook.com/lalwa.lalwa) et sur twitter (https://twitter.com/lalwalalwa).

Echgueltu entume?

dimanche 25 novembre 2012

La diffusion de l’accueil du Président de la République, le 24 Novembre 2012, par l’audiovisuel public est-il légal ?

Gaal Lalwa:



A la lecture de la loi n°045-2010 du 26 Juillet 2010 relative à la communication audiovisuelle on peu en douter. Pour preuve :

Article 45 : (…) Les entreprises publiques de l’audiovisuel :

-       proposent une programmation de référence généraliste et diversifiée à l’intention du public le plus large, dans le cadre de la civilisation islamique, arabe, africaine et des valeurs de démocratie, de liberté, de pluralisme, d’ouverture, de tolérance et de modernité. (…) [Souligné par l’auteur].

La couverture de cet évènement national, certes important, n’a respecté ni la lettre, ni l’esprit de la loi. Le journal de la TVM du 24 novembre 2012 à 20 heures, par exemple, n’a pas respecté les valeurs citées par la loi.

La démocratie : dans quel démocratie au monde, un média publique, consacre des dizaines de minutes de son journal principal au retour du chef de l’Etat au pays après un voyage privé ?

Le pluralisme, ouverture et tolérance : Les commentaires, par exemple, des journalistes de Radio - Mauritanie qui ont couvert l’évènement en direct ont été tout sauf un exemple de respect du pluralisme de l’ouverture et de la tolérance. Les journalistes, dans les différentes langues, ont rivalisé de zèle pour chanter les louanges du chef de l’état et déverser les critiques les plus acerbes à l’opposition démocratique.

La modernité : Les médias publics dans les états modernes ont depuis belle lurette abandonnée la couverture des voyages des chefs d’états. C’est tout juste s’ils y font une brève allusion lorsqu’il s’agit d’un voyage officiel important. Que dire lorsque notre télévision nationale diffuse pendant des dizaines de minutes des images de la foule venue accueillir le chef de l’état accompagnées de chansons à ses louanges ? Le moins que l’on puisse dire est que nous sommes bien loin de la modernité.

Le Président de la République n’avait certainement pas besoin de tout cela et ceux qui, par excès de zèle, le font sont loin de lui rendre service.

Gaal Ajana: Intéréssant.

Echguettu entume?

mardi 20 novembre 2012

Manifeste pour un état de droit en République Islamique de Mauritanie.

Gaal Lalwa:

La Mauritanie est malade. Appelons le Docteur à son chevet. De nombreux médecins se sont déjà penchés sur son cas et leurs ordonnances sont différentes. Les uns demandent que le Président parte, les autres demandent que le Président reste et les autres ne savent pas sur quel pied danser. ignorantus ignoranta ignorantum. Tous nos problèmes apparents ne sont que les symptômes d’un mal profond.

Mes amis, je vous le dis, la racine de notre mal c’est l’absence d’un véritable Etat : une République des Institutions, un Etat de droit. Un état qui ne soit pas personnifié à l’extrême. Un état ou les règles du jeu, toutes les règles du jeu, sont exprimées dans un langage clair et sont appliquées à tous et à toutes sans discrimination aucune.

Heureusement ce mal est curable et son traitement est connu et disponible. Cependant, la cure est généralement de longue durée et la discipline du malade est primordiale pour la guérison totale et sans séquelles. Mais l’enjeu n’en vaut-il pas la chandelle ? L’Etat de droit n’est certainement pas une panacée et sa mise en place est loin d’être facile.

De plus, la construction d’un Etat de droit ne constitue, malheureusement pas, un objectif politiquement lucratif à cause justement de la durée nécessaire qui dépasse largement la durée d’un mandat électif. De plus, le résultat est moins concret que bien d’autres actions : la construction de routes, par exemple. Ceci ne veut pas dire qu’il faut arrêter de faire des choses concrètes. Loin de la. Il faut certainement de bonnes routes. Le problème c’est que sans un Etat de droit, les efforts de développement risquent de rester vains.

Continuons avec l’exemple des routes. Sans un véritable Etat de droit :

1. Il y’aura des pots de vin, des dessous de table et des détournements à tous les stades du processus : de l’appel d’offres à la réception de l’ouvrage.

2. Le népotisme et le trafic d’influence caractériseront tout le projet. Au lieu d’engager les compétences nécessaires, on engagera les parents de X ou de Y qui sont aux postes clés de l’administration.

3. L’incivisme ruinera le travail car les personnes doivent plus leur place au parent bien placé qu’à leur mérite et à leur abnégation. L’entrepreneur ne se souciera pas de la qualité du travail car il a gagné le marché sur la base de ses prestations occultes plutôt que sur la valeur de son offre technique et financière.

4. Le contrôleur laissera passer des malfaçons grosses comme des camions : par ignorance car il a été recruté pour faire plaisir à un haut fonctionnaire plutôt que sur la base de ses connaissances dans le domaine (résultat du népotisme) ; en fermant les yeux moyennant des dessous de table (résultat de la corruption) ; ou par simple laxisme et je-m’en-foutisme (résultat de l’incivisme).

Au finish : la population locale profitera moins de la manne financière du projet et le pays se retrouvera avec une route de mauvaise qualité qui ne durera pas et nous et nos enfants devrons payer une dette sans commune mesure avec le bénéfice réelle.

Nous lançons, ici, un appel solennel à toutes les bonnes volontés de ce pays pour contribuer avec nous à la création d’un véritable état de droit en République Islamique de Mauritanie. Pour cela :

1. Rejoignez-nous : Sur Facebook : http://www.facebook.com/lalwa.lalwa

Sur Twitter : https://twitter.com/lalwalalwa;

Par email : lalwa.rim@gmail.com. Notre nombre fait partie de notre stratégie. Le plus nombreux nous sommes le plus fort on sera ;

2. Donnez votre avis, vos idées, vos suggestions et vos encouragements. Ils sont fondamentaux pour la réussite du projet ;

3. Parlez-en à votre entourage social et professionnel. Semez la bonne graine. Diffusez la bonne parole.

Fait à Nouakchott, le 20 Novembre 2012.

Gaal Ajana:

Très intéressant.

Echgueltu entume?

lundi 12 novembre 2012

La Mauritanie, l'Azawad et Monsieur Breidelleil

Gaal Abdou1998:


Je n’ai ni la patience ni le temps de Monsieur Mohamed Yehdhih Ould Breidelleil. Cependant, je n’ai pas pus m’empêcher de vous livrer ma réaction à la série d’articles qu’il a publié récemment sous le titre « La Mauritanie et l’Azawad ». Car je crois sincèrement que ces articles incendiaires sont véritablement dangereux aussi bien pour la Mauritanie que pour ces voisins.

Ils sont d’autant plus dangereux que l’auteur est considéré par beaucoup comme un intellectuel d’envergure. De plus, il a certainement ses entrées au sein du pouvoir.

Je suis totalement conscient de l’inégalité des « armes » entre un intellectuel reconnu et un simple quidam qui de plus est écrit sous un pseudonyme. Mais je suis le hadith qui nous demande de changer le « mounkar » par les moyens dont on dispose même les plus dérisoires et c’est « l’iman » le plus faible.

J’aurais certainement put polir ce texte et l’agrémenter de références mais par paresse et par manque de temps je vous le livre tel quel tout en en espérant votre indulgence pour la forme et tout en vous exhortant à vous concentrer sur le fond. Sur le fond mon message est simple, à l’heure actuelle toute atomisation supplémentaire de nos pays ne peut que nous apporter malheur sur malheur. Travaillons, au contraire tous, a plus d’unité et de solidarité à la fois à l’intérieur de chacun de nos pays respectifs et entre nos pays eux-mêmes.

Ceci étant dit voici ma lecture critique du texte de monsieur Ould Breidelleil :

L’auteur ne déroge pas à sa tradition de citer à outrance des individus disparus depuis bien longtemps. Cet argument d’autorité est très présent chez notre auteur qui en nous submergeant de citations tente de nous « minimiser » devant tant d’illustres « ancêtres ». Nous ne pouvons qu’acquiescer et dire : « hah wallahi », quel érudit, cet argumentaire doit être impeccable et ses conclusions imparables. Or pas si vite, essayons de comprendre et de juger sur pièce, éditons le texte pour supprimer tous les noms qui risquent de nous intimider et essayons de déterminer la validité de l’argumentaire en lui-même.

Le fait que Coppolani ait visité l’Azawad avant de conquérir la Mauritanie est donné comme preuve que la Mauritanie ne peut ignorer l’Azawad. Excellent, bon point. Mais avait-on besoin de tant de détour pour dire qu’un pays, n’importe quel pays est d’abord lié par la géographie. La Mauritanie ne peut nullement ignorer sa position géographique. Pour cela, elle ne peut pas ignorer le Mali (y compris l’Azawad), pas plus qu’elle ne peut ignorer ses autres voisins du Sud et du Nord.

L’auteur fait des détours dans tous les sens pour arriver à sa conclusion et il faut parfois s’armer de courage pour avaler ces digressions en les marquant au feutre rouge comme simplement « hors sujet ».

Durant l’un de ses détours l’auteur nous dit tout le bien qu’il pense de la politique. Ce n’est rien de moins qu’une fée, pour lui. Revenons aux sources : c’est quoi la politique, c’est quoi cette fée ?

Permettons nous, tout d’abord, de rappeler à l’auteur tous le mal que pensent ses compatriotes de la politique, la fameuse « beletig » mais il pense certainement à autre chose lorsqu’il dit que la politique se situe au summum de la production intellectuelle humaine. Je me permets humblement d’exprimer mon désaccord. Pour ma part, je considère la science, et à sa base, la méthode scientifique comme le summum de la production intellectuelle. Mais ceci est une opinion que j’ai déjà exprimé ailleurs (voir Cridem).

C’est quoi la politique, c’est quoi cette fée, donc ? Sans trop se compliquer la vie nous pouvons dire que la politique est l’art, certains dirons la science, de gouverner. Elle est concernée d’abord par la détention du pouvoir donc de la force et les moyens d’y accéder. En ce sens, la politique est plus une pratique qu’une production intellectuelle. La stratégie est certainement la production intellectuelle la plus utile aux politiques. Mais ce n’est déjà plus de la politique en tant que telle.

L’auteur se lance ensuite dans une diatribe enflammée pour glorifier le politique qui travaille corps et âme pour améliorer le sort de nous-autres quidams inconscients et ignorants. Mais ou donc a-t-il vu ce personnage hors du commun ! Je rêve ! Nous n’avons jamais vu que des individus souvent peut recommandable assoiffés de puissance, de pouvoir et d’argent utiliser ce genre de discours pour nous rendre encore plus ignorants, plus pauvres et plus « quidam » qu’on ne l’était déjà. Pour un « Madiba » combien y’a-t-il de politiciens véreux sous le soleil ?

L’auteur passe ensuite imperceptiblement à notre politique locale actuelle et récente pour lancer des pics à l’opposition non dialoguiste. Il passe ainsi de ce qu’il appelle « la politique contenu » à ce que nous appelons tous de « la politique politicienne ». Il suffit ici de constater que notre cher auteur a distribué ces remarques assassines à tous les pouvoirs successif et à leurs oppositions en s’arrêtant net un 6 Août 2008. Y’a-t-il là anguille sous roche ? Hum !!!

Je ne pus que me délecter du paragraphe suivant : « L’autre fait, autrement plus déterminant et qu’on ne peut élaguer par l’oubli, est qu’on a toutes les peines du monde à croire et à démontrer que les membres du Comité Militaire, étaient unanimes pour instaurer la démocratie et céder le pouvoir à des civils. Cette assertion est valable, jusqu’à preuve du contraire, lorsque Moaouiya Ould Taya a instauré, en 1991, le pluralisme. » La question qui se pose alors : cette assertion est-elle encore valable en ce mois d’Août 2012 ? Je donnerais bien mes habits de la fête pour savoir la réponse de l’auteur.

Mais nous nous égarons, à la suite de notre cher auteur, revenons à nos moutons. Revenons à « la Mauritanie et l’Azawad ».

L’argumentaire de l’auteur reprend alors le fil du sujet. Le « territoire maure » aurait été divisé par le colonisateur. Arrêtons de nous regarder le nombril. Oui le colonisateur a divisé les maures entre plusieurs pays. Ceci est un fait indéniable. Mais c’est bien ce qu’il a fait pour toutes les ethnies africaines. Je dis bien toutes ! Donner moi un seul contre exemple et je vous donne mes habits de la fête d’El Fitr.

Vouloir aller vers l’indépendance de l’Azawad ou de toute autre communauté ethnique est un suicide. C’est un combat d’arrière garde qui n’a aucune raison d’être. Prôner l’indépendance de quelques centaines de milliers d’individu dans un territoire désertique, enclavé et pauvre est un non-sens absolu !

D’ailleurs l’Azawad a-t-il l’homogénéité ethnique à laquelle l’auteur veut nous faire croire. A y regarder de plus prêt cette homogénéité n’existe pas, loin s’en faut. Il y’a les « Touaregs » ; « les Arabes », « les Songhais », et bien d’autres groupes ethniques encore. L’azawad, que notre auteur souhaite être indépendant, ne risque-t-il pas de connaître des tensions interethniques dès que son indépendance a été proclamée ? N’est-ce pas déjà le cas en ce moment même ou on voit des groupes issus des « arabes » de l’Azawad s’organiser pour contrer l’hégémonie grandissante des Touaregs ?

L’intangibilité des frontières issus de la colonisation est un principe sage et le bafouer reviendrait à ouvrir la boite de Pandore. Nul ne sait ce qui en sortira. Ne soyons pas naïfs. Oui les frontières issues de la colonisation sont loin d’être idéales mais c’est tous ce que nous avons. Si nous touchons à l’intégrité territoriale du Mali. Nous menacerons automatiquement l’intégrité territoriale des tous les pays de la région, y compris le notre.

Il est beaucoup plus judicieux, à mon avis, de travailler à l’intégration sous-régionale plutôt que de militer pour une atomisation d’états déjà faibles. La tendance au regroupement est une nécessité des temps modernes et tous les ensembles sous-régionaux et régionaux l’ont compris et travaillent dans ce sens.

Il ne sert alors à rien de réveiller les vieux démons et de vouloir réécrire l’histoire. L’Histoire est ce qu’elle est et nous en sommes aujourd’hui là ou on est. Il est bien plus judicieux et profitables pour tous de s’atteler à la tâche autrement plus glorieuse d’apprendre ou réapprendre à vivre ensemble en bonne intelligence avec tous nos voisins. Et commençons par éviter de s’immiscer dans leurs affaires intérieures.

L’affaire de la sécession de l’Azawad est une affaire intérieure Malienne. Nous devons la traiter en tant que tel et aider, dans la mesure du possible, nos frère Maliens à s’asseoir autour d’une table et à discuter de leur avenir ensemble. Faute de quoi un troisième larron, déjà bien présent dans la région, nous devanceras tous et tirera seul les marrons du feu et les consommera tranquillement sur notre dos.

Le problème qui se pose en ce moment est un problème qui se pose, au moins de manière latente, dans tous les pays de la région. Il n’est certainement pas chevaleresque de mettre les Maliens devant leur responsabilité et oublier les nôtres. Nous devons tous nous rendre à l’évidence et essayer de vivre en harmonie avec toutes les composantes ethniques, divisés par des frontières coloniales arbitraires, qui composent chacun de nos pays. L’indépendance n’est certainement pas la solution au problème. Elle ne l’est certainement pas plus pour l’Azawad malien que pour toutes les autres « Azawads » en puissance dans la région.

Vous le dites vous-même « Un pays est d'abord fondé sur une volonté des diverses parties de coexister, de vivre ensemble dans la paix. » Faisons tous, tout notre possible pour construire et raffermir cette volonté. Au lieu de vouloir résoudre l’injustice des frontières coloniales en créant de nouvelles frontières (de nouvelles indépendances). Luttons plutôt à dissoudre petit à petit ces frontières coloniales en construisant des ensembles globaux qui auront une chance de survie dans un monde de plus en plus complexe et globalisé.

L’indépendance du Sud Soudan est certainement un précédent regrettable mais ce n’est certainement pas l’exemple à suivre. Quelle idée de vouloir atomiser l’Afrique davantage alors que tous les autres continents travaillent à leur intégration. Sommes-nous la victime d’une malédiction historique à toujours marcher à reculons là ou les autres avancent à grands pas vers plus de progrès et de prospérité ?

Enfin, l’auteur nous montre à plusieurs reprises son manque de respect absolu par ce qu’il appelle « le peuple ». Pour lui, la salvation viendrait des experts, de « ceux qui savent » plutôt que des « masses ignorantes ». Cette approche que les Anglo-saxons qualifient de « top-down » a démontré son inefficacité dans les temps modernes. Elle a échoué dans le bloc soviétique et les économies dirigistes. Elle a échoué dans les pays arabes ayant adopté le socialisme dans ces différentes nuances, y compris le « Ba'athism». Nous n’en avons pas besoin chez nous.

Dans le monde actuel de l’informatique et de l’Internet, une autre démarche se révèle beaucoup plus avantageuse. C’est la démarche qualifiée de « bottom-up ». Faire confiance au « peuples », à la sagesse des foules (wisdom of the crowd) et ne surtout pas laisser notre devenir à tous aux mains de quelques-uns fussent-ils « des sages ».

Echgueltu Entume?

Education: Lecture critique de l'article de Monsieur Mohamed Yehdhih Ould Breideleil

Gaal Abdou1998:


Les états généraux de l'éducation sont en préparation en ce moment. A cet occasion, un article a été publié récemment sur CRIDEM par Monsieur l'ancien Ministre Mohamed Aly. Cet article nous renvoi à un autre article rédigé il y'a une décennie par Monsieur Mohamed Yehdhih Ould Breideleil sous le titre «les sciences sont-elles la voie du progrès?».

J'ai hésité pendant un moment avant de prendre ma plume ou plutôt mon clavier pour écrire ces lignes, et ce pour au moins deux raisons. D'abord, quel est le poids d'un article pondu par un individu epsilon vs un autre par le grand intellectuel que l'on ne présente plus? Ensuite et surtout par paresse. En effet, le sujet est vaste et écrire un article long ne m'enchantais pas particulièrement.

J'ai donc attendu quelques jours en espérant que quelqu'un réagiras et m'évitera ainsi de devoir travailler (écrire cet article). Ensuite je me suis dis, je vais écrire juste quelques lignes et demander à nos illustres auteurs, s'ils ont entendu parler de ces deux choses:

1. Le projet Manhattan;
2. Les études randomisées en doubles aveugles.

"Projet Manhatta"n est le nom de code du projet qui a permis aux Etats-unis et à leurs alliés de produire la bombe atomique. Les études randomisées en doubles aveugles constituent la méthodologie qui permet aujourd'hui les meilleures avancées aussi bien en médecine qu'en psychologie, en sociologie et dans bien d'autres sciences humaines.

Mon raisonnement était le suivant:

Le premier exemple démontrerait l'importance intrinsèque des sciences exactes, s'il en était besoin. Le second exemple démontrerait l'importance des mathématiques pour le développement même des autres sciences y compris la sociologie et les disciplines connexes.

En effet, Le projet Manhattan est ce qui a produit la bombe atomique américaine et c'est l'utilisation de cette bombe à Hiroshima et Nagasaki qui a permis aux alliés de gagner la seconde guerre mondiale et non les sociologues. Quoique on pourra toujours dénicher un sociologue qui aurait soufflé cette idée aux physiciens. Les études en doubles aveugles randomisées ont permis le décollage de plusieurs disciplines qui se débattaient sans pouvoir éliminer les nombreux biais qui rendaient leurs résultats pour le moins douteux. Ce genre d'étude n'aurait jamais vu le jour sans le développement des mathématiques et particulièrement des statistiques. Si nos illustres auteurs pouvaient nous répondre sur cet question; honnêtement!

Puis je me suis ravisé, ce serait un peut court. Et peut-être, un tantinet irrévérencieux! J'ai finalement décidé de prendre le taureau par les cornes et torturer vos méninges avec ma prose mal cousue. J'aurais voulu arranger et polir cet article davantage et donner plus de références mais je remettais cela à chaque fois à plus tard. Je risquais de le laisser dormir sur mon disque dur. Alors, le voici entre vos mains.

L'article de Mohamed Aly constitue en fait une introduction pour la reprise de celui de Ould Breideleil. Faisons donc la lecture de ce dernier.

Avant d'entamer la lecture proprement dite de l'article, laissez-moi faire une petite digression sur ce qu'il est convenu d'appeler en rhétorique "l'argument d'autorité". Il revient ici régulièrement.

L'argument d'autorité consiste à citer quelqu'un qui fait autorité (par exemple : un « grand » auteur) pour faire valider une proposition sans tenir compte de son mérite intrinsèque. Notons donc, pour commencer que Monsieur Mohamed Aly use de cet argument pour nous faire accepter le contenu du texte, compte tenu du fait que "l'identité de son auteur ne peut laisser personne indifférent".

J'ai décidé pour le coup, de lire cet article comme s'il s'agissait d'une dissertation d'un bachelier qui m'est connu uniquement à travers un code, disons 0042* par exemple.

Cet article ou dissertation semble a priori s'attaquer aux sciences exactes et aux techniques et glorifier les sciences humaines : la sociologie, la philosophie, la littérature et la politique. Pour cela il donne l'exemple de l'union soviétique et de son échec et ceux de la France et de l'Allemagne et de leurs réussites.

L'école au sens de l'article semble englober la totalité de l'enseignement de la maternelle à l'université. Hors, il me semble qu'il est extrêmement important de regarder les besoins spécifiques des différentes tranches d'âges. Je propose, à la suite d'autres, de regarder les besoins des jeunes avant leur entrée à l'université et leurs besoins à l'université. Les jeunes élèves de l'enseignement fondamental et secondaire ont des besoins différents de ceux des étudiants universitaires. Il tout d'abord noter que l'éducation ne se limite pas à l'école même dans cette conception élargie. Il faudrait prendre en compte toutes les formes d'éducation : les médias, la société, l’éducation informelle et formelle, etc.

Pour parler de l’éducation informelle, notre pays possède une particularité importante : les Mahadras. Les Mahadras constituent une part importante de notre système éducatif. Or nos Mahadras sont malades. Le système éducatif qu'elles représentent n'a pas su s'adapter au monde moderne. Ces Mahadras continuent de nous sortir des gens dont la seule expertise est la connaissance par coeur de texte vieux de quelques siècles. Or, de nos jours, la meilleure éducation est celle qui fournit une méthode d'analyse et de mise en rapport des idées.

La totalité des livres classiques appris par coeur dans nos mahadra, pendant des années, peuvent être téléchargés sur Internet en quelques minutes (heures avec Mauritel) et tiennent sur la plus petite des clés USB. Et nous, nous restons au stade où l'un, célèbre, de nos compatriote qui était parti chercher un Qamous dans un autre campement resta là-bas pendant quelques années et revins sans le livre. Lorsqu'on lui demanda ce qui c'était passé, il répondit simplement que c'était maintenant lui le Qamous. Il l'a appris par coeur!

Aujourd'hui presque n'importe qui, ayant appris par coeur quelques textes anciens se dit "Alem – pl. Oulema". Notre société est caractérisée par la Gazra et par l'informel dans tous les secteurs. Il est temps que nous mettions un peu d'ordre dans tout cela. J ne dis pas que les diplômes garantissent nécessairement le savoir de leur porteur. Mais il s'agit d'une garantie à minima en quelque sorte. Nos Mahadras avaient ce que l'on appelle "Ijaza" qui est l'équivalent des diplômes modernes; Nous devons moderniser ce concept et exiger un minimum de savoir avant de laisser les gens se dire Alem et légiférer la vie des hommes.

Il faudrait également mieux définir ce concept qui n'a pas de sens. En effet Alem est l'équivalent, en gros, de savant. Ce mot a un champ sémantique tellement vaste qu'il ne veut plus dire grand-chose. Nous devrions trouver des termes plus précis. Nous avons même un centre de formation des Oulemas. Imaginer seulement un instant une université qui s'intitulerait université pour la formation des savants. Ce serait ridicule. Précisons notre pensée.

En parlant de l'importance de l'enseignement des sciences pour venir à bout du sous-développement, 0042 nous dit "Cela peut être vrai à certaines conditions. Cela peut être faux et conduire à une impasse dans une certaine vision." Excellent, pourquoi ne pas continuer sur cette lancée et développer les conditions nécessaires pour que cela soit vrai.

Ensuite 0042 distingue la position de l'état qui doit être au service de l'intérêt général vs celle, égoïste, des élèves et de leurs parents. On sent ici le dirigiste qui point son nez. Ce serait le rôle de l'état de pousser les parents d'élèves vers le bien de la communauté même si on admet que cela puisse aller à l'encontre du leur. Or l'histoire récente a démontré la défaillance du dirigisme pur et dur. La société moderne émerge par le jeu des différents acteurs qui poursuivent chacun leurs intérêts propres. Le rôle de l'état se limite à encadrer ce jeu par les règles du droit qui assurent à chacun sa liberté d'action dans le respect de celle des autres (voir le concept des propriétés émergentes).

L'argument le plus important de 0042 vient juste après: "Le contenu même de leurs études (scientifiques) n'est pas de nature à transformer la société, de la tirer d'un état d'arriération intellectuelle et sociale pour l'orienter vers la modernité. Les mathématiques, la physique, la chimie, les sciences naturelles ne prêchent rien dans ce sens." Et Boum! J'en suis resté abasourdi pendant un bon moment. Ce texte est ma modeste réplique.

Les sciences (exactes) seraient des connaissances trompeuses qui produisent des "têtes pleines" et non des "têtes bien faites". El là, l'auteur nous laissent pantelant, haletant sans nous donner la moindre illustration de ce qu'il entend par des "têtes pleines" et des "têtes bien faites" et pourquoi les secondes sont meilleures que les premières. Si des "têtes bien faites" sont des esprits capables de faire la part des choses, de discerner le vrai du faux; il n'y a rien de mieux que la méthode scientifique pour les produire.

"Le mal n'est pas physique, il est dans les têtes. Ce qui est physique c'est l'effet. La racine est mentale, son combat est intellectuel." Et la encore, notre intellectuel de renom ne nous offre aucune explication de ce qu'il entend par "intellectuel". Si le mal est mental, et j'en conviendrais volontiers, la meilleure connaissance humaine des secrets du "mental" provient des sciences psychologiques surtout avec les nouvelles branches de la psychologie cognitive, de la psychologie sociale, de la psychologie évolutionniste, etc.

Je ne voudrais pas donner ici l'impression de sous-estimer l'apport de la littérature en particulier. De très grands auteurs ont montré une perspicacité extraordinaire à comprendre l'esprit humain et à le décrire (voir par exemple "Proust was a neuroscientist" Jonah Lehrer).

Je n'avais jamais entendu parler de ce Monsieur Arnold Toynbee, mais Wikipedia m'apprend qu'il s'agit d'un historien (de l'économie) qui s'est impliqué largement dans la lutte pour améliorer les conditions de vie du prolétariat. L'idée phare de Toynbee est que la machine à vapeur a entraîné la paupérisation des nations (européennes). C'est apparemment d'ici que notre auteur tire son aversion pour les sciences et les techniques!

Ensuite, dans l'exemple soviétique, l'auteur limite la faillite de l'Union soviétique à son choix de promouvoir les sciences et les techniques. Il me semble que la faillite de l'union soviétique et de tout le bloc de l'Est est d'abord une faillite économique et sociale. Ces pays ont péché par le "dirigisme", chose que 0042 ne peut apparemment pas accepter étant lui-même adepte de cette doctrine.

"Une forteresse militaire dans le monde d'aujourd'hui n'est rien. On le sait maintenant, pour combattre un pays, 10 sociologues sont plus efficaces que 10.000 soldats." C'est finalement agaçant de voir 0042 avancer des affirmations gratuites qu'il ne se donne aucune peine de justifier. «On le sait maintenant, » ; mais comment le savons-nous ? Quelles sont les études qui le démontrent ? Quels en sont les exemples historiques ? Rien. Pas même la moindre spéculation philosophique. S’il y’a un point qui m’a irrité au plus haut point dans ce texte et qui justifie les sarcasmes que le lecteur pourrait déceler ici ou là, ce serait bien celui-là. Nos intellectuels nous prennent-ils pour des moutons ?

Avec tout mon respect pour les sociologues (et il est beaucoup plus grand qu'il n'y paraîtrait ici peut-être) ; les sociologues n'ont jamais gagné aucune guerre, à ma connaissance (certes limitée). J'aurais bien voulu que 0042 nous éclaire ici d'avantage avec des exemples historiques, des références, des choses à se mettre sous la dent. Mais rien! Juste une affirmation "10 sociologues sont plus efficaces que 10.000 soldats". Les américains ne connaissaient certainement pas ce « e=mc2 » de 0042 sinon ils auraient réduit considérablement leurs troupes pour l'invasion de l'Irak, par exemple (je déteste ces exemples militaires mais c’est l’auteur qui les donne en premier).

"Pour se prémunir de la contestation, le système avait orienté les esprits et la jeunesse, dans ses vagues successives, dans une voie où la pensée était inconnue, suspecte et à la limite curieuse, ridicule ou dangereuse." Voilà. Pas besoin de chercher plus loin. Il s'agit d'un système dirigiste qui a emprisonné tous les penseurs à commencer par les scientifiques. Voir l'exemple du physicien nucléaire Andrey Nikolayevich Sakharov, ce n'est quand même pas un sociologue! (je déteste avoir l’air de m’en prendre à des gens que j’admire plus que tout).

"Si l'homme est la valeur suprême sur terre, tout lui est subordonné, tout est à son service. Son bonheur et son épanouissement se parent alors du manteau du sacré et de l'impérieux." Je relève ici cette phrase qui m'amènerait trop loin de mon sujet. Je ne peux cependant pas m'empêcher de penser à trois grandes découvertes scientifiques qui ont réduit considérablement la place de l'homme dans l'univers (il faut une éducation scientifique pour cela, je m’excuse). Si "notre intellectuel qu'on ne présente plus" était familier avec ces trois découvertes, il n'aurait certainement pas écrit une telle phrase. Les trois découvertes sont:

1. La révolution Copernicienne (modèle héliocentrique) qui a remplacé le model de Ptolémée avec la Terre (et donc l'Homme) au centre;

2. La découverte de la théorie de l'évolution par Charles Darwin qui a mis l'Homme à sa place parmi le règne animal;

3. La découverte de l'inconscient par Freud qui a réduit considérablement la part qui revient au moi conscient par rapport à l'inconscient beaucoup plus vaste.

Mais passons.

Je n'avais également jamais entendu parler du grand penseur Max Horkheimer (encore un argument d'autorité) mais j'avoue que je n'ai pas la vaste culture de 0042. Il s'agit apparemment d'un juif allemand philosophe et sociologue et là encore une référence du Marxisme radical. 0042 puise ses références à cette source plus qu'à toute autre et pourtant l'union soviétique dont il donne l'exemple est le seul grand état à avoir voulu mettre cette idéologie en pratique. La chute de ce pays ne vient certainement pas de ses choix scientifiques mais de ses choix idéologiques, que partage apparemment 0042.

Notre auteur finit par concéder que "certains scientifiques" atteignent un haut niveau d'humanisme. "Les scientifiques y rencontrent les philosophes. Mais ils se rencontrent sur le terrain des philosophes". Encore une pensée manichéenne! Une dualité qui n'a pas de sens! "Natura non saltum facit" (voir plus loin). Opposer la science et la philosophie ne vous sied pas, surtout pas à vous qui vous réclamez de l'une et apparemment pas de l'autre. Il n'y a aucune rivalité entre les deux. Je m'explique. La science est "fille" de la philosophie. Les hommes ont commencé par spéculer sur la nature physique, vivante et humaine. Leurs réflexions ont formé la philosophie primitive.

Par la suite, grâce à la méthode scientifique, de nombreux sous domaines de la philosophie ont cessé d'être spéculatif et sont devenu scientifiques. C'est ainsi que l'étude de l'esprit est devenu la psychologie, par exemple. La philosophie s'est également emparé des nouvelles disciplines scientifiques et en a fait son objet (philosophie de la psychologie cognitive par exemple).

Toute recherche scientifiques idéale commence par des hypothèses et des spéculations que l'on pourrait considérer philosophiques, elle procède ensuite à la tentative de falsification de ces hypothèses pour ne retenir momentanément que celles qui passent ce test, et enfin le chercheur fait un retour sur lui-même comme sujet pensant (re-philosophie). Sciences et philosophies se complètent dans un tout cohérent. Vouloir les opposer est non seulement naïf mais faux.

"Natura non saltum facit" principe de continuité; les choses changent graduellement. Ce qui veut dire littéralement « la Nature ne fait pas de saut »). Monsieur 0042, sachez que la nature aime peindre avec les couleurs de l'arc-en-ciel, chaque couleur passant graduellement à l'autre. La dichotomisation a démontré ses limites: sciences vs littérature; inné vs acquis; etc.

Tous ces débats et ont fait long feu. Ils sont maintenant dépassés. Nous avons besoins d'une jeunesse formée à un large spectre de connaissance. Le fait qu'il devient inutile d'apprendre les choses par coeur permet d'utiliser le temps gagné pour varier les sujets. Je ne dis pas qu'il faut encourager la superficialité (jack of all trades, master of none, disent les anglo-saxons). Tout est lié, on ne peut plus prendre les problème isolément les uns des autres.

"Où allons-nous ?" Excellente question! "Certains ont des certitudes. Nous voulons bien les croire. Mais que vaut une certitude qui n'a pas subi l'épreuve de la critique et de la discussion ou mieux a produit des résultats satisfaisants." Et la méthode scientifique dans tous cela. Il me semble que c'est la méthode scientifique qui a permis d'obtenir les meilleurs résultats. C’est elle l’épreuve de la critique. Le rasoir d’Occam.

Donner la parole aux experts: Comment savoir que ce qu'ils ont à dire a de la valeur en dehors de leur titres. Argument d'autorité encore! Il faudrait former nos jeunes à savoir par eux-mêmes distinguer le vrai du faux.

"Le salut viendrait de l'Ecole. Pas n'importe quelle école. Une école qui réhabilite la pensée et lui donne toute sa place, pour produire des citoyens conscients, capables de réfléchir à leur condition et à leur devenir, en mesure de produire des idées et de concevoir, un projet adéquat qui reste introuvable." L'école devrait réhabiliter la pensée. Que vaut la pensée qui n'est pas guidée par une méthode, et quelle meilleure méthode que la méthode scientifique.

Le bon système:

Le chercheur américain Howard Gardner propose la trilogie suivante: le juste ou le vrai, le beau et l'éthique. L’école, au sens de 0042, devrait à mon avis servir à développer ce triptyque chez chaque citoyen.

Notre Ecole devrait s'atteler à la formation du jugement des hommes du futur, à les ancrer dans la rationalité et précisément la rationalité scientifique. L'intelligence est dans la mise en relation. La fonction de mémorisation simple a été sous-traitée aux machines.

Notre école devrait former nos jeunes à se poser des questions : quelles sont les valeurs importantes de notre société? Qu'est ce que nous considérons comme vrai (juste), beau et éthique?

Le traitement que notre société réserve, par exemple aux griots dépositaire de notre savoir musical (le beau) est certainement symptomatique de notre rapport à cette notion (de beau). Le traitement que notre société réserve également aux forgerons est symptomatique de notre rapport au technique (la technologie). Nous devrons dépoussiérer nos archaïsmes. Nous devons regarder notre héritage historique en face et savoir dépasser tous nos anachronismes.

Je reconnais à 0042 qu'il a un pouvoir de raisonnement non négligeable mais juste après il se mélange les pinceaux. Je lui donne donc une note de 12/20 avec comme observation bon élève mais irrégulier.

P.S. le code 0042 est un clin d’œil à la réponse donné par le super-ordinateur "Deep Thought" (pensée profonde) à la grande question sur "la vie, l'univers et le reste" après 7 million et demi d'années de calcul. Que chacun y trouve ce qui lui plaît !

Echgueltu Entume?

Quelles Sont Nos Valeurs ?

Gaal Abdou1998:


Dans un article récent publié sur Cridem, j'engageais mes compatriotes à expliciter les valeurs qui nous unissent et à faire en sorte de les respecter, tous. Dans le présent texte, je donne un premier coup de pioche à ce projet que j'espère collectif.

J'ai décidé de m'attaquer à cette question à travers la constitution de la République Islamique de Mauritanie. Une rapide recherche sur le web m'a permis de dénicher le texte de la constitution de 2006. Je dois d'abord avertir mes aimables lecteurs que je ne suis point un juriste et encore moins un constitutionnaliste.

Ma lecture de la constitution ne peut donc être qu'une lecture naïve dans la mesure où elle n'est informée par aucune attente, par aucune théorie particulière.

J'avoue ici également que ceci est ma première lecture de notre loi fondamentale, mea culpa. Mais, combien êtes vous dans mon cas à n'avoir jamais jeté le moindre coup d'oeil sur ce texte sensé régir notre société? Cela me rassure! Le préambule de ce texte commence fort et affirme plusieurs choses fondamentales: L'intégrité territoriale, l'indépendance, l'unité nationale et la libre évolution politique, économique et sociale. Ouf, rien de moins et ce n'est que la première phrase.

Tiens la deuxième phrase commence à parler de valeurs; quelle surprise! Cela fait plaisir! Je vous affirme que je découvre pour la première fois, me croyez-vous? Je crois entendre des nooooon, dans l'assistance. Pourtant elle tourne, eh... pourtant c'est vrai!

Alors quelles sont ces valeurs et quelles sont leurs sources? Tout d'abord les sources: il s'agit de l'Islam et des principes de la démocratie. Le texte renvoie ici à d'autres textes mais à chaque jour suffit sa peine. Ensuite, il y'a une énumération des valeurs elles-mêmes: la liberté, l'égalité et la dignité de l'Homme (y compris la femme). Ces valeurs sont assurées par la primauté du droit dont la seule source, pour nous, est l'Islam.

Maintenant les "articles" commencent. Etant donné que je n'ai aucunement l'intention de disséquer le texte et comme il s'agit d'un premier contact, je me suffirais d'un survol rapide à la recherche de références évidentes aux valeurs qui nous unissent. Je laisse à plus qualifié que moi la difficile mission de décortiquer le document pour en sortir toutes les subtilités. J'espère qu'il y'aura des publications, ici, sur le sujet pour éclairer notre lanterne.

Ceci dit alors, voyons:

- "Toute propagande particulariste de caractère racial ou ethnique est punie par la loi." Article premier. Aïe, Aïe. Que de commentateurs devraient trembler! Heureusement pour eux, la loi n'est jamais appliquée. Mais quand même, à chaque que l'un de nous se fend d'un commentaire de "caractère racial ou ethnique", il devrait être conscient que son comportement est ... hors la loi.

- "Le peuple est la source de tout pouvoir". "Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice". Article 2. A bon entendeur salut!

- La devise de la République est : Honneur - Fraternité - Justice. La première valeur dans ce triptyque est l'honneur. Soyons tous des hommes et des femmes d'honneur. Nos actions (paroles, écriture, etc.) doivent êtres honorables, admirables. Je ne peux ici m'empêcher de penser à tous les "détourneurs" des biens publics. Ont-ils seulement un brin d'honneur? Connaissent-ils ce sentiment que l'on appelle la honte? Honte à vous.

La deuxième valeur, ici, est la fraternité. Nous sommes tous des frères! Les frères peuvent bien sûr se chamailler de temps en temps et ils ne se gênent pas pour le faire. Mais il y'a une limite à leurs bisbilles, ils s'abstiennent toujours de commettre l'irréparable. Ils savent jusqu'où ils peuvent aller sans compromettre la fratrie.

La troisième valeur, ici, est la justice. J'ai déjà dis que je ne suis pas juriste et ma conception, candide, de la justice va certainement au-delà des lois et des tribunaux. Je crois que la justice s'applique d'abord à soi-même. Etre juste envers soi commence par la tempérance en toutes choses. Etre juste envers ces frères comporte un aspect important d'empathie, d'affection même. Etre juste envers sa communauté demande qu'on lui soit fidèle.

- "Toute forme de violence morale ou physique est proscrite". Article 13. Point barre.

- "l’Etat et la société protègent la famille". Article 16. Voeu pieux! Dans notre société "moderne" ou en cours de modernisation l'institution familiale est en train de se dissoudre sous l'effet conjugué de la cherté du mariage, de la cherté de la vie, de la facilité du divorce, de la dépravation des moeurs, .... Que font la société et l'état?

- "Nul n’est censé ignorer la loi". Article 17. Autant pour moi. Je n'aurais pas dû avouer que ceci est ma première lecture de notre loi fondamentale! J'avais déjà entendu cette phrase, mais je ne savais pas qu'elle avait un article de notre constitution pour elle seule.

- "Tout citoyen doit remplir loyalement ses obligations à l’égard de la collectivité Nationale et respecter la propriété publique et la propriété privée". Article 19. Je repense encore aux "détourneurs" en tous genre. Tremblez, misérables.

A partir de l'article 23, une série d'articles détaille les attributs du président de la République. Ce n'est pas mon sujet aujourd'hui, quoique ce serait plutôt moi son sujet. Le ou les rédacteurs auraient pût être plus concis ici. Je propose à la place de tous ces articles la formule suivante: "le Président de la République est le seul maître à bord après Dieu".

Au niveau du titre IV, mon ignorance apparaît au grand jour, à mon grand chagrin. En effet, l'article 56 dit que la loi est votée par le parlement et l'article suivant définit le domaine de la loi. Quel est ton problème me diriez-vous? Eh bien dans ma candeur, je croyais que le domaine de la loi était universel! Eh bien non!

Il y'a le domaine législatif et le domaine réglementaire (article 59). Le domaine de la loi est assez vaste mais défini de manière stricte, le domaine réglementaire lui c'est tous le reste. Ce qui revient à dire que si on se rendait compte qu'on avait oublié d'attribuer une certaine chose au domaine de la loi, cette chose se retrouve automatiquement dans le domaine réglementaire. Bon, je sors du sujet.

- "Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif". Article 89. Et "Le juge n’obéit qu’à la loi. Dans le cadre de sa mission, il est protégé contre toute forme de pression de nature à nuire à son libre arbitre". Article 90. Qui le protège et comment? Quand la pression vient du pouvoir exécutif, que peut faire le juge? Spécialistes, éclairez nos lanternes et surtout rassurez-nous; le pouvoir judiciaire est le garant de notre liberté (article 90). Voilà, j'arrive à la fin de cette première lecture que j'ai partagée avec vous. J'espère que d'autres prendront la balle au rebond et jouerons collectif.

Echgueltu Entume?

Des hommes et des institutions au pays d'Iznogoud

Gaal Abdou1998:


Au pays d'Iznogoud, les hommes sont forts et fiers. Tellement forts (dans tous les sens du terme) que chacun d'un est capable de construire un pays à lui tout seul. Bien sûr Iznogoud est le plus fort d'entre eux et bien sûr Iznogoud est devenu calife à la place du calife. Euh, Oh, pardon président à la place du président. Bien, bon c'est du pareil au même.

L'essentiel est qu'au pays d'Iznogoud nous n'avons pas besoin d'institutions au sens classique du terme. Nous avons bien, un gouvernement, un parlement et tout un tas de machins semblables. Mais c'est juste pour faire comme tout le monde.

Nous, nous savons qu'il suffirait d'un seul Vizir pour faire le travail du gouvernement, d'un seul député pour faire le travail du parlement, etc. Mais nous sommes mal compris par cette satanée communauté internationale qui fourre son nez partout. Heureusement, nous sommes beaucoup plus malin que cette hydre à mille têtes. Puisqu'ils veulent des institutions, nous allons leur en donner. Et c'est ce que nous avons fait.

Cependant, nous continuerons à faire les choses à notre manière bien à nous.

Regardez par exemple les lois. L'arsenal juridique au pays d'Iznogoud est tout aussi développé que chez nos ancêtres les Gaulois. Mais c'est pour la consommation extérieure. Nous, nous savons que nous n'avons pas besoins de tous ces textes auxquels personne ne comprend grand-chose de toute façon.

Un autre exemple, on nous dit que tous les pays du monde ont un truc qui s'appelle la protection civile, alors nous avons fait un bidule similaire. Mais comme nous sommes un pays de personnages ingénieux nous avons découvert d'autres applications pratiques pour ces camions qui projettent de l'eau sous pression.

Les exemples sont nombreux mais juste pour finir, dans le reste du monde, Ils sont hyper-spécialisés. Je vous dis pas. Dans ces pays, si vous ouvrez une boutique, vous ouvrez une boutique pour un seul type de marchandise. Vous n'ouvrez pas les établissement "Haroune El Poussah & Frères pour l'import-export, le commerce général, les assurances, les médicaments, les soins dentaires, etc." Non, ça ils ne savent pas faire. Dans ces pays, si vous êtes un homme politique vous ne pouvez pas être militaire et vise versa. Ils sont vraiment limités et malgré cela, ils se permettent de nous donner des leçons.

Nous au pays d'Iznogoud nous sommes bien plus malin. Chacun de nous sait tout faire et on ne se gène pas pour le faire.

Echgueltu Entume?

De la chose publique en Mauritanie.

Gaal Abdou1998:

Ces derniers jours l’ouverture d’une nouvelle radio indépendante a permis de donner la parole à des personnes qui en étaient jusque-là privé par les médias officiels. Cependant, certaines de ces interventions m’ont laissé perplexe et mal à l’aise.

Des individus qu’on présente comme des intellectuels ou comme des responsables de mouvements ou de partis politiques, ou des journalistes qui parlent de sujets qu’ils ne maitrisent pas, et qui en parlent dans un langue médiocre.

J’ai hésité avant de faire ce commentaire car le malaise, me semble-t-il, est plus profond. Il y’a également des considérations de divers ordres. Tout d’abord je ne connais pas ces individus et je n’ai certainement rien contre eux en tant que personnes. Malheureusement, je ne sais pas comment exprimer certaines idées sans avoir l’air de les critiquer. Cependant, je crois qu’en restant dans les généralités mieux vaudrait se taire.

Ensuite, je risque moi aussi de parler de sujets que je ne maitrise pas, et d’en parler dans une langue non moins médiocre. J’ai cependant fini par décider que la situation actuelle demande que chacun de nous, en son esprit et conscience, contribue au débat. Je m’excuse, au préalable, auprès des éventuels individus qui se sentiraient critiqués.

Ceci n’a absolument rien à voir avec qui que ce soit en tant que personne ou institution. D’ailleurs, qu’est ce qu’une personne qualifiée pour « parler de la chose publique ». Comment pouvons-nous la reconnaitre ? Comment l’individu lui-même pourrait reconnaitre s’il a le niveau requis?

Pour commencer, ce commentaire n’est-il pas d’une certaine manière « parler de la chose publique » ? Qui plus est de manière critique anonyme envers des personnes dont certaines ce sont exprimés publiquement avec leurs noms réels. Qui suis-je moi-même pour donner un avis sans même avoir le courage de le faire à visage découvert ? S’agit-il d’ailleurs simplement de manque de courage ?

Le commentaire anonyme est-il une façon recevable lorsque l’on « parle de la chose publique » ? L’existence même de ces tribunes n’est-elle pas ce qui permet à tous et à n’importe qui de se prononcer sur la « chose publique »? D’une certaine façon, c’est certainement le cas ; la preuve ! De toute manière, je profite de la tribune libre offerte par le site CRIDEM, tout en remerciant l’équipe dirigeante de ce site de tout cœur pour cette opportunité donnée à tous.

Les personnes que nous entendons ou lisons, dans ce pays, semblent généralement avoir la science infuse ou procéder par démagogie pure. C’est comme si pour elles, toutes les idées qui contribuent à ma vision de la chose sont bonnes et ceux qui les expriment sont beaux et gentils. Tous les autres sont des vilains. J’ai rarement remarqué le moindre doute chez l’un de ces intervenants, la moindre nuance dans le propos.

Je tiens à me démarquer ici clairement de cette attitude et je demande l’indulgence des lecteurs. En effet, je ne fais que me poser des questions à « voie haute », en quelque sorte. J’ai souvent lue sur de nombreux sites électroniques des pièces de prose affligeante sans que cela ne produise en moi cette gêne ressenti à l’écoute de discours d’un niveau similaire à la radio ou dans des journaux.

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, il semble que ma tolérance pour la médiocrité sur un site électronique soit plus grande que pour une médiocrité similaire sur un média traditionnel (radio, TV, journaux). J’avoue que depuis la démocratisation de l’internet je ne lis plus nos chers journaux. Je devrais probablement le faire, mais à chaque fois que je tombe sur un numéro de l’un de ces journaux dans un bureau et que je le feuillète furtivement, je me dis que je ne rate pas grand-chose.

J’avoue, également, que je n’écoute pas plus notre cher radio Mauritanie ni sa sœur la TVM. Et lorsqu’il m’arrive d’entendre (sans vraiment écouter) l’une de leurs émissions lorsque je suis de passage chez un ami ou un parent je me dis encore une fois que je ne rate pas grand-chose.

Un exemple récent : j’ai entendu (écouté serait trop dire) le journal de radio-Mauritanie le lendemain du sit-in de l’opposition. La nouvelle de ce sit-in était reléguée à la fin de l’édition. Elle se résumait à quelques phrases sèches dont les deux tiers étaient réservées au traitement subi par le reporter de la radio-Mauritanie que Saleh Ould Hanenna et Bettah n’ont apparemment pas accueilli avec le respect qu’il mérite.

Mais tenez-vous bien aucun mot n’a été dit sur la dispersion du sit-in par la police. J’étais abasourdi. Que fait la HAPA ? A quoi sert cet organisme payé par l’argent du contribuable ? Je dois être d’une naïveté qui dépasse tout entendement pour croire que dans notre cher pays les institutions servent à quoi que ce soit. J’avoue que je n’étais pas au meeting/sit-in mais j’ai été réveillé comme beaucoup de Nouakchottois en pleine nuit par le bruit des grenades de la police. Je m’attendais donc à ce que notre radio nationale en fasse au moins état ne serait-ce qu’en deux ou trois phrases.

La naissance de cette nouvelle radio privé nous a certainement permis d’entendre des choses que nous n’avions pas l’habitude d’entendre. Cependant, je me demande à chaque fois que j’écoute l’un de leurs journaux, pourquoi j’ai l’impression que quelqu’un est en train de lire à haute voie les sites électroniques de la place ?

Suis-je méchant avec nos journaux et nos médias audio-visuels publics ou privés naissants? Sans vouloir me disculper, je ne crois pas l’être. Mais il me semble que le seuil d’exigence varie en fonction du média. Un commentaire fait par un individu lambda, comme celui-ci, reçoit de ma part un niveau élevé de tolérance (ou un niveau faible d’exigence). Un article rédigé par un journaliste et publié dans un journal reconnu ou son équivalent sur une radio reçoit de ma part un niveau de tolérance beaucoup plus faible.

Ces individus ont un certain ascendant sur le citoyen ordinaire, une certaine autorité en quelque sorte. C’est pour cela, il me semble, que nos éditeurs de journaux, de radio et de télévision devrait montrer un minimum de respect pour le citoyen en faisant le tri de ce qui peut être écrit ou diffusé. Le journalise doit parler avec le souci de ce que l’auditeur va faire de ce qu’il dit. Ce n’est certes pas facile, mais c’est nécessaire.

Certains mots que je lisais tous les jours sur des sites électroniques sans la moindre gêne me choquent maintenant lorsque je les entends sur les ondes. Pour donner un exemple, le mot ‘haratines’. Nous voyons régulièrement sur des sites électroniques des phrases du genre : « la communauté ‘haratine’ n’acceptera plus ceci ou cela » sans que cela nous gêne outre mesure. Pourquoi une phrase similaire devient-elle gênante sur les ondes de la Radio ?

Je suppose que la radio devrait être plus vigilante envers tout ce qui pourrait exacerber le communautarisme dans ce pays. Je ne suis cependant pas sûr que ce soit là le fin mot de l’histoire.

Une illustration du phénomène du « tous ceux qui sont avec moi sont bons et les autres des vilains ». Regardez les commentaires sur la fatwa du Mehdi a propos de l’autodafé de Riadh sur le site CRIDEM. La plupart des commentateurs trouvent que ce Mehdi (cela ne s’invente pas) est un grand savant, une sommité religieuse qui dis enfin la vérité et certains le trouvent même beau (littéralement). J’avoue que je suis resté bouche bée pendant un moment.

Ces commentateurs se sont-ils donné la moindre peine pour savoir qui est ce Mehdi et quel est son degré de savoir avant de l’encenser ? Non, pour eux l’homme de Dieu a enfin parlé, toute autre parole est veine ! Mes chers compatriotes, ayez pitié de ce pays. Ayez pitié de vous-même ! N’exacerber pas les divisions et les haines avec des commentaires « idiots ».

Juste un dernier exemple dans ce registre, l’autre soir sur l’unique radio privé du paysage audiovisuel national, pour le moment, le présentateur du journal essayait péniblement de tirer quelque chose de cohérent du représentant d’un mouvement de jeunesse. Ce jeune individu, contre lequel je n’ai absolument rien, aurait mieux faire de se taire ou de s’exprimer dans une langue qu’il maitrise mieux.

Je ne suis certainement pas un élitiste et encore moins un intellectuel mais je crois que pour parler de la chose publique, que l’on soit un simple citoyen, un journaliste ou un aspirant leader d’opinion on doit d’abord s’assurer de s’en donner les moyens. Il ne s’agit certainement pas de se murer dans le silence et de laisser le champ libre aux « experts » de tout poil. Mais il ne s’agit pas non plus de dire tout et n’importe quoi.

Il s’agit, à mon sens, de prendre la peine de s’informer un tant soit peu sur le sujet sur lequel on veut intervenir. Il s’agit de nuancer son propos. Il s’agit de peser les arguments pour et contre, la tête froide avec un minimum de détachement et sans passion. Il s’agit de nous méfier de nous-mêmes et des biais que nous pouvons avoir.

D’autre part ceux qui ont en charge les medias (radio-TV-journaux) devrait être choisi de manière plus stricte. Dans la plupart des pays les écoles de journalisme sont des écoles prestigieuses. Elles sont accessibles uniquement sur concours et donnent des formations solides à leurs élèves. Ici, il ne semble pas qu’il y’ai le moindre préalable à l’exercice de cet métier ! Il est vrai que nous ne sommes pas ces « autres pays ».

Il est vrai que nous avons notre spécificité spatio-temporelle. Il est vrai que je ne prétends pas détenir la solution miracle. J’ose cependant, espérer qu’il y’ait une volonté réelle des uns et des autres pour élever le niveau du débat. J’ose également, espérer qu’il n’y a pas une volonté tout aussi réelle pour clochardiser le débat afin de nous dire « vous voyez, le débat ce n’est pas pour vous (le peuple) ». Vous n’êtes pas suffisamment mûr pour cela.

Une autre histoire a défrayée la chronique à Nouakchott récemment. Il s’agit de l’autodafé de Riyad ou le dénommé Birame a brulé des livres du rite Malékite. La question de l’esclavage dans notre pays ne mérite-t-elle pas une meilleure défense, un meilleur défenseur. Quelqu’un de plus posé, de plus fin, un Boubacar Ould Messaoud plutôt qu’un Birame. N’y-a-t-il pas des Birame dans l’autre camp ; celui de ceux qui ont démarré au quart de tour.

Ceux qui ont accusé pêle-mêle l’opposition démocratique, les juifs, les occidentaux et tous ceux qui envient la Mauritanie pour sa stabilité et son président (si si). Oui l’esclavage est le fruit de l’obscurantisme. Mais, Monsieur Birame, on ne combat pas l’obscurantisme par un obscurantisme similaire. Certes, il est plus facile de bruler un livre que d’en produire un soi-même, cependant c’est l’unique réponse acceptable. Il faut combattre l’argumentaire par un argumentaire meilleur.

Et dans le cas d’espèce l’argumentaire est tout trouvé et ne demande certainement pas une culture encyclopédique. L’esclavage repose sur la cupidité et la bêtise humaine. Rien ne le justifie. Rien ne peut le justifier. Mais l’esclavage est un fait humain, une réalité. La ou il y’a des hommes, il y’a eu à un moment donné de leur histoire de l’esclavage. Il serait faux, stupide et contreproductif de nous faire croire qu’il est l’apanage exclusif de ce pays. Le fait exclusif d’une ethnie de ce pays.

Le fait exclusif d’un rite particulier de l’Islam ; le rite Malékite. Il est temps d’ouvrir les yeux. L’esclavage ne sera pas éradiqué de ce pays par un coup de baguette magique. Que ce soit par une loi ou par un autodafé. L’éradication de l’esclavage et de ses séquelles ne pourra se faire que par un ensemble de mesures d’ordre légal, administratif, social, économique, etc.

C’est Voltaire, je crois, qui disait à un opposant « je hais vos idées mais je me battrais pour que vous puissiez les exprimer ». A quand « des lumières » similaires dans ce coin oublié de la planète ? Les tribunes libres se multiplient heureusement. Malheureusement, elles sont utilisées en grande partie par des individus qui ne se donnent aucune peine pour creuser une question particulière avant de jeter leur avis en pâture à tout un chacun. Il est temps que cet espace de liberté soit occupé par ceux qui sont les mieux outillé. Par ceux qui, majorité silencieuse, sont les plus modérés.

Oui, je déteste l’écrire, il y’a malheureusement des personnes qui ne devraient pas être laissé au devant de la scène pour « parler de la chose publique ». Oui, je déteste l’écrire, la cause de l’esclavage mérite de meilleurs défenseurs que Birame. Que tous les « Birame » des deux bords. Oui, je déteste l’écrire, Nos médias sont parfois lamentables (parfois seulement ?).

Echgueltu Entume?

vendredi 9 novembre 2012

La Photo du Président avec son chirurgien est-elle truquée?



Gal Ajana:

Ces derniers jours, la tempête a encore fait rage, suite à l’apparition d’une photo du Président avec son chirurgien.

Au-delà des problèmes liés à la nature de la communication (photo fixe et non pas vidéo), de la façon dont elle a été effectuée (envoi depuis une boite email privée vers des sites électroniques et non une publication par l’agence officielle), nous consacrons cet article à la véracité de cette photo. La photo du président est-elle truquée ?

Dès les premières heures qui ont suivi la publication de la photo, les internautes s’en sont donné à cœur joie. La plupart pour « démontrer par A + B » que la photo est truquée et que l’on nous prend pour des cons. Certains ont même rivalisé d’ingéniosité pour détourner la photo truquée en la truquant encore davantage. La quasi-totalité de ses articles font référence à des petits logiciels gratuits téléchargeables sur internet ou à des sites qui offrent un audit en ligne. De rares voix dissonantes ont essayé, en utilisant les mêmes techniques, de nous convaincre que bien au contraire la photo est bien vraie ou au moins à classer dans la catégorie « kham ».

Nous avons voulu en avoir le cœur net. La première chose qui apparait en recherchant les sources sérieuses c’est que le truquage des photos est relativement simple. Par contre l’authentification est une affaire de spécialistes. Autant presque n’importe qui ayant passé quelques heures sur Photoshop ou un logiciel similaire est capable de produire des photos truquées, autant il est souvent difficile d’être sûr à 100% qu’une photo est bien vraie.
De plus toutes les retouches faites sur des photos ne sont pas illégitimes. La très grande majorité des photos, même celles des grandes agences de presse, sont retouchées. Les retouches légitimes ont souvent pour objectif de supprimer un détail inutile ou d’améliorer l’éclairage ou des choses similaires.

Donc avant de crier au loup et de se laisser aller à l’hystérie collective, nous devons nous poser quelques questions de bon sens. Pourquoi cette photo a-t-elle été transmise aux sites électroniques concernés ? La communication du Président a intérêt à donner à la population « un signe de vie » (comme pour les otages). La suspicion est donc légitime et nous devrions rester sur nos gardes pour être sûr que nous ne sommes pas manipulés. Pour autant, nous ne devrions pas tomber dans l’excès inverse, tout suspect étant présumé innocent jusqu’à preuve de sa culpabilité.

Il en résulte que la photo du Président peut être considérée comme vraie jusqu’à la preuve irréfutable de sa manipulation. Or c’est la où le bas blesse. Après investigation et recherche, il s’avère que s’assurer qu’une photo a été truquée est souvent extrêmement difficile même pour des spécialistes chevronnés utilisant des logiciels « maison » de pointe.

L’un des sites les plus sérieux sur la question de la détection du truquage des photos se trouve à l’adresse suivante : http://www.fourandsix.com/blog/. Nous l’avons fouillée pour vous.

Nous sommes sortis avec la conviction que la photo du Président est probablement vraie ou résulte du fait d’un très bon truquage. Ceci est certes logique car la photo, si elle est truquée, elle l’a certainement été par des professionnels qui ne se laisseront certainement pas prendre par un petit logiciel gratuit téléchargeable sur le net par n’importe quel adolescent. Si elle est vraie, cela reste maladroit comme communication de « preuve de vie » car le doute aura été jeté par le fleuve d’articles de presses la mettant en question. Quand est-ce que nos services de communication vont grandir et fournir au citoyen une information sérieuse par des voies autorisées et crédibles ?

Echguettu entume?

lundi 5 novembre 2012

Communication en temps de crise



Gaal Ajana:


Notre pays est connu pour son manque de talent en matière de communication, en général, et particulièrement en temps de crise.
Le nomade, si avide de ‘nouvelles’, devient inepte à communiquer lorsqu’il se trouve au pouvoir, au sommet d’un état moderne.
Pourtant, à chaque puits et à chaque halte dans ce vaste désert, les gens n’arrêtent pas de communiquer rapidement, efficacement et avec candeur. Généralement, après les salamalec et les nombreux ‘chtary’, l’un des protagonistes change de rythme et commence ainsi « je n’ai rien trouvé de neuf qui soit bien particulier, je suis parti ce matin de tel village ou campement à la recherche d’un ‘azouzal’ qu’il décrit de manière très précise … » Après cela, les présents donnent chacun les informations dont ils disposent et posent aux autres des questions précises qui leur tiennent à cœur. On échange les informations sur les bêtes perdues, sur l’état des puits et des pâturages et bien sûr sur les faits de société et de politique nationale et même internationale. Les informations échangées sont souvent extrêmement précises et les analyses d’une finesse extraordinaire.
Pourquoi, alors, nos dirigeant et hommes politiques sont de si piètres communicateurs ? Je ne suis pas un spécialiste de la communication mais un enfant de l’Internet. Le récit qui suit n’est certainement pas l’avis d’un spécialiste mais il montre qu’avec un peu de jugeotte et une petite recherche bibliographique on peut élaborer quelque chose qui tient à peu près la route.
Le communicateur américain Steve Adubato déclare que l’une des règles d’or de la communication en temps de crise est de donner une information exhaustive et surtout à temps. Le temps est un facteur extrêmement important en période de crise. Il y’a une fenêtre temporelle durant laquelle une information complète, crédible et précise est fournit au publique. Si l’information n’est pas donnée durant cette fenêtre le public réagira avec suspicion à toute information fournit en retard.
Lors du récent accident du chef de l’Etat, la communication rapide a été très appréciée des Mauritaniens. Malheureusement, le système s’est réveillé très vite et a pris les choses en main en maintenant l’opinion publique dans un black-out total. Les rares sorties ont été désastreuses. La prestation du ‘coupable’ sur le petit écran fut tellement médiocre que même les soutiens les plus convaincus ont commencé à douter de la version officielle des faits. La sortie du président de l’assemblé aurait pût être bien accueillie n’eut été l’amateurisme avec laquelle elle a été conduite. MOB n’avait pas besoin d’appeler à une conférence de presse s’il n’était pas prêt à répondre aux questions des journalistes. Il suffisait de faire un communiqué ou de lire une déclaration à la télévision nationale. Une conférence de presse, c’est fait pour donner l’occasion aux journalistes de poser leurs questions et d’y répondre. Ce n’est pas fait pour poser soi-même les questions qu’on juge pertinentes et y répondre. Les questions que se posait MOB sont pertinentes et ses réponses peuvent être convaincantes mais ce ne sont pas les questions du public. Les questions du public peuvent être considérées comme étant inopportunes mais elles méritent respect et réponse. Ce sont les règles du jeu démocratique.
Le timing de la sortie de MOB est lui aussi mal choisi. Le président de l’assemblée est connu pour sa franchise et ses positions claires mais, en période de crise, nul n’est au dessus du soupçon. Il aurait été beaucoup plus judicieux et chevaleresque de la part de MOB d’attendre la fin du meeting de la COD (le lendemain) pour annoncer qu’il a parlé avec le chef de l’Etat. Cela aurait donné plus de crédibilité à son récit car il ne pourra plus être interprété comme une bombe destinée à torpiller la mobilisation de l’opposition. Les leaders de l’opposition y verraient un gage de sincérité et la majorité comprendra qu’elle a plus intérêt à donner une information que le public acceptera largement plutôt qu’à donner une information qui ne fera qu’obscurcir davantage la scène nationale.
Steve Adubato explique également l’importance de définir les partenaires impliqués dans la crise et de communiquer clairement et rapidement avec eux.
Dans le cas de l’accident du président, les principales parties prenantes sont :
  1. Les médias : les médias font office d’une courroie de transmission entre les décideurs et le grand public. Dans ce sens le mépris pour les médias démontré par MOB lors de sa conférence de presse est impardonnable (d’un point de vue de la communication). Ses excuses rapides jouent en sa faveur tout en confirmant son caractère soupe au lait : très prompt à la colère et très prompt à demander pardon !
  2. Le public : Le citoyen Lambda dort tranquille parce qu’il sait qu’il y’a des autorités et des institutions qui veillent sur lui. Le black-out sur la santé du président ne peut qu’aboutir à une anxiété grandissante dans les rangs du public. Le gouvernement aurait dû mettre sur pied, dès les premières heures, une cellule de crise constituée de personnalités reconnues et crédibles. Cette cellule aurait pour vocation de suivre la situation en permanence et de tenir le public informé.
  3. L’administration : Les fonctionnaires de l’état sont un groupe de citoyens particuliers. Le gouvernement aurait dû prendre l’initiative et chaque ministre aurait dû réunir ces cadres et leur donner des informations fiables sur la situation et sur ce qu’il faut faire. Les fonctionnaires constituent un relais important de l’information. Ils sont par ailleurs jugé crédibles ne serait-ce que par leur proches et amis.
  4. Les partis politiques et la société civile : La société civile et les parties politiques sont des partenaires incontournables dans la gestion de la chose publique. Ils méritent de recevoir une information de qualité et de première main.
  5. Nos voisins et nos partenaires : notre diplomatie a le devoir de tenir nos voisins et nos partenaires informés de manière précise et avec célérité.
Afin de rassurer le public, l’image que le pouvoir aurait dû donner devrait comporter les éléments suivants :
  1. Montrer que la Mauritanie reste la priorité numéro une dans cette crise. Pour cela le président, avant de quitter le sol national, aurait dû déléguer une partie de ses prérogatives au premier ministre assurant ainsi la continuité de l’état en son absence. La situation nationale et internationale sont très délicates et une vacance, même temporaire, du pouvoir à Nouakchott pourrait avoir des répercussions grave sur le pays ;
  2. Montrer que les autorités sont responsables et prennent les choses au sérieux. Distribuer les rôles de manière claire entre le gouvernement et les forces de sécurité. Les forces de sécurité n’ont rien à cacher, c’est leur rôle de veiller à la situation sécuritaire du pays. Elles doivent montrer qu’elles jouent ce rôle et rien d’autre ;
  3. Montrer que le gouvernement communique de son plein gré sans attendre de subir des pressions de la part des politiques ou de la rue. Montrer que ce problème concerne tout le monde, que la situation est loin d’être idéale, mais que nous sommes tous entrain de travailler pour surmonter la crise avec le minimum de dégâts pour le pays.
  4. Montrer qu’il s’agit d’une question d’état et non pas d’un quelconque quidam. La gestion du dossier de la santé du président devrait être assuré par l’administration du pays et non par la famille. Le rôle de la famille de toute personne, en des circonstances similaires ne peut être négligé. Mais lorsqu’il s’agit du premier citoyen d’un pays, la famille doit se faire discrète et s’éclipser derrière les autorités du pays.
L’accident qui est arrivé au président de la république est une chose grave. La façon dont il a été géré jusqu’à présent est empreinte d’un amateurisme impardonnable. La communication, dans ce genre de situation, ne doit pas avoir pour but simplement d’informer même si cela est très important, elle doit montrer surtout aux citoyens et à nos voisins et partenaires que nous sommes suffisamment mûrs pour affronter les grandes crises. Le plus grave dans ces tentatives de ‘couverture’ des événements par des histoires peu crédibles est la création du doute et du soupçon parmi toutes les parties prenantes, de telle sorte que même si une information correcte est donnée (le coup de fil de MOB), celle-ci devient suspecte.
Bien sûr toutes ces démarches demandent des efforts mais le pays « le vaut bien » (comme dit la pub).

Echguettu Entume?