Gaal Abdou1998:
Les états généraux de l'éducation sont en préparation en ce moment. A cet occasion, un article a été publié récemment sur CRIDEM par Monsieur l'ancien Ministre Mohamed Aly. Cet article nous renvoi à un autre article rédigé il y'a une décennie par Monsieur Mohamed Yehdhih Ould Breideleil sous le titre «les sciences sont-elles la voie du progrès?».
J'ai hésité pendant un moment avant de prendre ma plume ou plutôt mon clavier pour écrire ces lignes, et ce pour au moins deux raisons. D'abord, quel est le poids d'un article pondu par un individu epsilon vs un autre par le grand intellectuel que l'on ne présente plus? Ensuite et surtout par paresse. En effet, le sujet est vaste et écrire un article long ne m'enchantais pas particulièrement.
J'ai donc attendu quelques jours en espérant que quelqu'un réagiras et m'évitera ainsi de devoir travailler (écrire cet article). Ensuite je me suis dis, je vais écrire juste quelques lignes et demander à nos illustres auteurs, s'ils ont entendu parler de ces deux choses:
1. Le projet Manhattan;
2. Les études randomisées en doubles aveugles.
"Projet Manhatta"n est le nom de code du projet qui a permis aux Etats-unis et à leurs alliés de produire la bombe atomique. Les études randomisées en doubles aveugles constituent la méthodologie qui permet aujourd'hui les meilleures avancées aussi bien en médecine qu'en psychologie, en sociologie et dans bien d'autres sciences humaines.
Mon raisonnement était le suivant:
Le premier exemple démontrerait l'importance intrinsèque des sciences exactes, s'il en était besoin. Le second exemple démontrerait l'importance des mathématiques pour le développement même des autres sciences y compris la sociologie et les disciplines connexes.
En effet, Le projet Manhattan est ce qui a produit la bombe atomique américaine et c'est l'utilisation de cette bombe à Hiroshima et Nagasaki qui a permis aux alliés de gagner la seconde guerre mondiale et non les sociologues. Quoique on pourra toujours dénicher un sociologue qui aurait soufflé cette idée aux physiciens. Les études en doubles aveugles randomisées ont permis le décollage de plusieurs disciplines qui se débattaient sans pouvoir éliminer les nombreux biais qui rendaient leurs résultats pour le moins douteux. Ce genre d'étude n'aurait jamais vu le jour sans le développement des mathématiques et particulièrement des statistiques. Si nos illustres auteurs pouvaient nous répondre sur cet question; honnêtement!
Puis je me suis ravisé, ce serait un peut court. Et peut-être, un tantinet irrévérencieux! J'ai finalement décidé de prendre le taureau par les cornes et torturer vos méninges avec ma prose mal cousue. J'aurais voulu arranger et polir cet article davantage et donner plus de références mais je remettais cela à chaque fois à plus tard. Je risquais de le laisser dormir sur mon disque dur. Alors, le voici entre vos mains.
L'article de Mohamed Aly constitue en fait une introduction pour la reprise de celui de Ould Breideleil. Faisons donc la lecture de ce dernier.
Avant d'entamer la lecture proprement dite de l'article, laissez-moi faire une petite digression sur ce qu'il est convenu d'appeler en rhétorique "l'argument d'autorité". Il revient ici régulièrement.
L'argument d'autorité consiste à citer quelqu'un qui fait autorité (par exemple : un « grand » auteur) pour faire valider une proposition sans tenir compte de son mérite intrinsèque. Notons donc, pour commencer que Monsieur Mohamed Aly use de cet argument pour nous faire accepter le contenu du texte, compte tenu du fait que "l'identité de son auteur ne peut laisser personne indifférent".
J'ai décidé pour le coup, de lire cet article comme s'il s'agissait d'une dissertation d'un bachelier qui m'est connu uniquement à travers un code, disons 0042* par exemple.
Cet article ou dissertation semble a priori s'attaquer aux sciences exactes et aux techniques et glorifier les sciences humaines : la sociologie, la philosophie, la littérature et la politique. Pour cela il donne l'exemple de l'union soviétique et de son échec et ceux de la France et de l'Allemagne et de leurs réussites.
L'école au sens de l'article semble englober la totalité de l'enseignement de la maternelle à l'université. Hors, il me semble qu'il est extrêmement important de regarder les besoins spécifiques des différentes tranches d'âges. Je propose, à la suite d'autres, de regarder les besoins des jeunes avant leur entrée à l'université et leurs besoins à l'université. Les jeunes élèves de l'enseignement fondamental et secondaire ont des besoins différents de ceux des étudiants universitaires. Il tout d'abord noter que l'éducation ne se limite pas à l'école même dans cette conception élargie. Il faudrait prendre en compte toutes les formes d'éducation : les médias, la société, l’éducation informelle et formelle, etc.
Pour parler de l’éducation informelle, notre pays possède une particularité importante : les Mahadras. Les Mahadras constituent une part importante de notre système éducatif. Or nos Mahadras sont malades. Le système éducatif qu'elles représentent n'a pas su s'adapter au monde moderne. Ces Mahadras continuent de nous sortir des gens dont la seule expertise est la connaissance par coeur de texte vieux de quelques siècles. Or, de nos jours, la meilleure éducation est celle qui fournit une méthode d'analyse et de mise en rapport des idées.
La totalité des livres classiques appris par coeur dans nos mahadra, pendant des années, peuvent être téléchargés sur Internet en quelques minutes (heures avec Mauritel) et tiennent sur la plus petite des clés USB. Et nous, nous restons au stade où l'un, célèbre, de nos compatriote qui était parti chercher un Qamous dans un autre campement resta là-bas pendant quelques années et revins sans le livre. Lorsqu'on lui demanda ce qui c'était passé, il répondit simplement que c'était maintenant lui le Qamous. Il l'a appris par coeur!
Aujourd'hui presque n'importe qui, ayant appris par coeur quelques textes anciens se dit "Alem – pl. Oulema". Notre société est caractérisée par la Gazra et par l'informel dans tous les secteurs. Il est temps que nous mettions un peu d'ordre dans tout cela. J ne dis pas que les diplômes garantissent nécessairement le savoir de leur porteur. Mais il s'agit d'une garantie à minima en quelque sorte. Nos Mahadras avaient ce que l'on appelle "Ijaza" qui est l'équivalent des diplômes modernes; Nous devons moderniser ce concept et exiger un minimum de savoir avant de laisser les gens se dire Alem et légiférer la vie des hommes.
Il faudrait également mieux définir ce concept qui n'a pas de sens. En effet Alem est l'équivalent, en gros, de savant. Ce mot a un champ sémantique tellement vaste qu'il ne veut plus dire grand-chose. Nous devrions trouver des termes plus précis. Nous avons même un centre de formation des Oulemas. Imaginer seulement un instant une université qui s'intitulerait université pour la formation des savants. Ce serait ridicule. Précisons notre pensée.
En parlant de l'importance de l'enseignement des sciences pour venir à bout du sous-développement, 0042 nous dit "Cela peut être vrai à certaines conditions. Cela peut être faux et conduire à une impasse dans une certaine vision." Excellent, pourquoi ne pas continuer sur cette lancée et développer les conditions nécessaires pour que cela soit vrai.
Ensuite 0042 distingue la position de l'état qui doit être au service de l'intérêt général vs celle, égoïste, des élèves et de leurs parents. On sent ici le dirigiste qui point son nez. Ce serait le rôle de l'état de pousser les parents d'élèves vers le bien de la communauté même si on admet que cela puisse aller à l'encontre du leur. Or l'histoire récente a démontré la défaillance du dirigisme pur et dur. La société moderne émerge par le jeu des différents acteurs qui poursuivent chacun leurs intérêts propres. Le rôle de l'état se limite à encadrer ce jeu par les règles du droit qui assurent à chacun sa liberté d'action dans le respect de celle des autres (voir le concept des propriétés émergentes).
L'argument le plus important de 0042 vient juste après: "Le contenu même de leurs études (scientifiques) n'est pas de nature à transformer la société, de la tirer d'un état d'arriération intellectuelle et sociale pour l'orienter vers la modernité. Les mathématiques, la physique, la chimie, les sciences naturelles ne prêchent rien dans ce sens." Et Boum! J'en suis resté abasourdi pendant un bon moment. Ce texte est ma modeste réplique.
Les sciences (exactes) seraient des connaissances trompeuses qui produisent des "têtes pleines" et non des "têtes bien faites". El là, l'auteur nous laissent pantelant, haletant sans nous donner la moindre illustration de ce qu'il entend par des "têtes pleines" et des "têtes bien faites" et pourquoi les secondes sont meilleures que les premières. Si des "têtes bien faites" sont des esprits capables de faire la part des choses, de discerner le vrai du faux; il n'y a rien de mieux que la méthode scientifique pour les produire.
"Le mal n'est pas physique, il est dans les têtes. Ce qui est physique c'est l'effet. La racine est mentale, son combat est intellectuel." Et la encore, notre intellectuel de renom ne nous offre aucune explication de ce qu'il entend par "intellectuel". Si le mal est mental, et j'en conviendrais volontiers, la meilleure connaissance humaine des secrets du "mental" provient des sciences psychologiques surtout avec les nouvelles branches de la psychologie cognitive, de la psychologie sociale, de la psychologie évolutionniste, etc.
Je ne voudrais pas donner ici l'impression de sous-estimer l'apport de la littérature en particulier. De très grands auteurs ont montré une perspicacité extraordinaire à comprendre l'esprit humain et à le décrire (voir par exemple "Proust was a neuroscientist" Jonah Lehrer).
Je n'avais jamais entendu parler de ce Monsieur Arnold Toynbee, mais Wikipedia m'apprend qu'il s'agit d'un historien (de l'économie) qui s'est impliqué largement dans la lutte pour améliorer les conditions de vie du prolétariat. L'idée phare de Toynbee est que la machine à vapeur a entraîné la paupérisation des nations (européennes). C'est apparemment d'ici que notre auteur tire son aversion pour les sciences et les techniques!
Ensuite, dans l'exemple soviétique, l'auteur limite la faillite de l'Union soviétique à son choix de promouvoir les sciences et les techniques. Il me semble que la faillite de l'union soviétique et de tout le bloc de l'Est est d'abord une faillite économique et sociale. Ces pays ont péché par le "dirigisme", chose que 0042 ne peut apparemment pas accepter étant lui-même adepte de cette doctrine.
"Une forteresse militaire dans le monde d'aujourd'hui n'est rien. On le sait maintenant, pour combattre un pays, 10 sociologues sont plus efficaces que 10.000 soldats." C'est finalement agaçant de voir 0042 avancer des affirmations gratuites qu'il ne se donne aucune peine de justifier. «On le sait maintenant, » ; mais comment le savons-nous ? Quelles sont les études qui le démontrent ? Quels en sont les exemples historiques ? Rien. Pas même la moindre spéculation philosophique. S’il y’a un point qui m’a irrité au plus haut point dans ce texte et qui justifie les sarcasmes que le lecteur pourrait déceler ici ou là, ce serait bien celui-là. Nos intellectuels nous prennent-ils pour des moutons ?
Avec tout mon respect pour les sociologues (et il est beaucoup plus grand qu'il n'y paraîtrait ici peut-être) ; les sociologues n'ont jamais gagné aucune guerre, à ma connaissance (certes limitée). J'aurais bien voulu que 0042 nous éclaire ici d'avantage avec des exemples historiques, des références, des choses à se mettre sous la dent. Mais rien! Juste une affirmation "10 sociologues sont plus efficaces que 10.000 soldats". Les américains ne connaissaient certainement pas ce « e=mc2 » de 0042 sinon ils auraient réduit considérablement leurs troupes pour l'invasion de l'Irak, par exemple (je déteste ces exemples militaires mais c’est l’auteur qui les donne en premier).
"Pour se prémunir de la contestation, le système avait orienté les esprits et la jeunesse, dans ses vagues successives, dans une voie où la pensée était inconnue, suspecte et à la limite curieuse, ridicule ou dangereuse." Voilà. Pas besoin de chercher plus loin. Il s'agit d'un système dirigiste qui a emprisonné tous les penseurs à commencer par les scientifiques. Voir l'exemple du physicien nucléaire Andrey Nikolayevich Sakharov, ce n'est quand même pas un sociologue! (je déteste avoir l’air de m’en prendre à des gens que j’admire plus que tout).
"Si l'homme est la valeur suprême sur terre, tout lui est subordonné, tout est à son service. Son bonheur et son épanouissement se parent alors du manteau du sacré et de l'impérieux." Je relève ici cette phrase qui m'amènerait trop loin de mon sujet. Je ne peux cependant pas m'empêcher de penser à trois grandes découvertes scientifiques qui ont réduit considérablement la place de l'homme dans l'univers (il faut une éducation scientifique pour cela, je m’excuse). Si "notre intellectuel qu'on ne présente plus" était familier avec ces trois découvertes, il n'aurait certainement pas écrit une telle phrase. Les trois découvertes sont:
1. La révolution Copernicienne (modèle héliocentrique) qui a remplacé le model de Ptolémée avec la Terre (et donc l'Homme) au centre;
2. La découverte de la théorie de l'évolution par Charles Darwin qui a mis l'Homme à sa place parmi le règne animal;
3. La découverte de l'inconscient par Freud qui a réduit considérablement la part qui revient au moi conscient par rapport à l'inconscient beaucoup plus vaste.
Mais passons.
Je n'avais également jamais entendu parler du grand penseur Max Horkheimer (encore un argument d'autorité) mais j'avoue que je n'ai pas la vaste culture de 0042. Il s'agit apparemment d'un juif allemand philosophe et sociologue et là encore une référence du Marxisme radical. 0042 puise ses références à cette source plus qu'à toute autre et pourtant l'union soviétique dont il donne l'exemple est le seul grand état à avoir voulu mettre cette idéologie en pratique. La chute de ce pays ne vient certainement pas de ses choix scientifiques mais de ses choix idéologiques, que partage apparemment 0042.
Notre auteur finit par concéder que "certains scientifiques" atteignent un haut niveau d'humanisme. "Les scientifiques y rencontrent les philosophes. Mais ils se rencontrent sur le terrain des philosophes". Encore une pensée manichéenne! Une dualité qui n'a pas de sens! "Natura non saltum facit" (voir plus loin). Opposer la science et la philosophie ne vous sied pas, surtout pas à vous qui vous réclamez de l'une et apparemment pas de l'autre. Il n'y a aucune rivalité entre les deux. Je m'explique. La science est "fille" de la philosophie. Les hommes ont commencé par spéculer sur la nature physique, vivante et humaine. Leurs réflexions ont formé la philosophie primitive.
Par la suite, grâce à la méthode scientifique, de nombreux sous domaines de la philosophie ont cessé d'être spéculatif et sont devenu scientifiques. C'est ainsi que l'étude de l'esprit est devenu la psychologie, par exemple. La philosophie s'est également emparé des nouvelles disciplines scientifiques et en a fait son objet (philosophie de la psychologie cognitive par exemple).
Toute recherche scientifiques idéale commence par des hypothèses et des spéculations que l'on pourrait considérer philosophiques, elle procède ensuite à la tentative de falsification de ces hypothèses pour ne retenir momentanément que celles qui passent ce test, et enfin le chercheur fait un retour sur lui-même comme sujet pensant (re-philosophie). Sciences et philosophies se complètent dans un tout cohérent. Vouloir les opposer est non seulement naïf mais faux.
"Natura non saltum facit" principe de continuité; les choses changent graduellement. Ce qui veut dire littéralement « la Nature ne fait pas de saut »). Monsieur 0042, sachez que la nature aime peindre avec les couleurs de l'arc-en-ciel, chaque couleur passant graduellement à l'autre. La dichotomisation a démontré ses limites: sciences vs littérature; inné vs acquis; etc.
Tous ces débats et ont fait long feu. Ils sont maintenant dépassés. Nous avons besoins d'une jeunesse formée à un large spectre de connaissance. Le fait qu'il devient inutile d'apprendre les choses par coeur permet d'utiliser le temps gagné pour varier les sujets. Je ne dis pas qu'il faut encourager la superficialité (jack of all trades, master of none, disent les anglo-saxons). Tout est lié, on ne peut plus prendre les problème isolément les uns des autres.
"Où allons-nous ?" Excellente question! "Certains ont des certitudes. Nous voulons bien les croire. Mais que vaut une certitude qui n'a pas subi l'épreuve de la critique et de la discussion ou mieux a produit des résultats satisfaisants." Et la méthode scientifique dans tous cela. Il me semble que c'est la méthode scientifique qui a permis d'obtenir les meilleurs résultats. C’est elle l’épreuve de la critique. Le rasoir d’Occam.
Donner la parole aux experts: Comment savoir que ce qu'ils ont à dire a de la valeur en dehors de leur titres. Argument d'autorité encore! Il faudrait former nos jeunes à savoir par eux-mêmes distinguer le vrai du faux.
"Le salut viendrait de l'Ecole. Pas n'importe quelle école. Une école qui réhabilite la pensée et lui donne toute sa place, pour produire des citoyens conscients, capables de réfléchir à leur condition et à leur devenir, en mesure de produire des idées et de concevoir, un projet adéquat qui reste introuvable." L'école devrait réhabiliter la pensée. Que vaut la pensée qui n'est pas guidée par une méthode, et quelle meilleure méthode que la méthode scientifique.
Le bon système:
Le chercheur américain Howard Gardner propose la trilogie suivante: le juste ou le vrai, le beau et l'éthique. L’école, au sens de 0042, devrait à mon avis servir à développer ce triptyque chez chaque citoyen.
Notre Ecole devrait s'atteler à la formation du jugement des hommes du futur, à les ancrer dans la rationalité et précisément la rationalité scientifique. L'intelligence est dans la mise en relation. La fonction de mémorisation simple a été sous-traitée aux machines.
Notre école devrait former nos jeunes à se poser des questions : quelles sont les valeurs importantes de notre société? Qu'est ce que nous considérons comme vrai (juste), beau et éthique?
Le traitement que notre société réserve, par exemple aux griots dépositaire de notre savoir musical (le beau) est certainement symptomatique de notre rapport à cette notion (de beau). Le traitement que notre société réserve également aux forgerons est symptomatique de notre rapport au technique (la technologie). Nous devrons dépoussiérer nos archaïsmes. Nous devons regarder notre héritage historique en face et savoir dépasser tous nos anachronismes.
Je reconnais à 0042 qu'il a un pouvoir de raisonnement non négligeable mais juste après il se mélange les pinceaux. Je lui donne donc une note de 12/20 avec comme observation bon élève mais irrégulier.
P.S. le code 0042 est un clin d’œil à la réponse donné par le super-ordinateur "Deep Thought" (pensée profonde) à la grande question sur "la vie, l'univers et le reste" après 7 million et demi d'années de calcul. Que chacun y trouve ce qui lui plaît !
Echgueltu Entume?